Et si, comme au tennis, on couvrait le terrain d’une bulle géante pour continuer à joueur en hiver ? Ce que le membre veut, le Blackbirds le peut ! Ni une, ni deux, le projet voit le jour, et le club de Zandhoven crée le premier « Hockey Winter Dome » de Belgique.
Le mois d’octobre est déjà bien entamé. On attaque la huitième journée de championnat. Halloween est déjà presqu’un souvenir et Mariah Carrey ressort bientôt du frigo pour arroser les fêtes de Noël. Si pour la plupart des gens, ça commence à sentir le sapin de noël, pour les joueurs de hockey il est temps de sortir son stick et son gant de salle. Et pour les parents, voici venues les joies des courants d’air sous la tente et des rendez-vous improbables dans des salles de gym qui redonnent leurs lettres de noblesse aux odeurs de chaussettes.
Mais n’y a-t-il pas moyen de faire autrement ? Sommes-nous obligés d’en passer par ces gruyères énergétiques que sont les tentes blanches qui poussent en même temps que les premiers flocons dans tous les clubs de hockey ? Le tennis y arrive lui ! Pourquoi ne pas faire comme eux ? Pourquoi ne pas couvrir d’une bulle l’entièreté d’un terrain de hockey et de joueur tout simplement en-dessous. L’idée paraît inimaginable. Impossible disaient les pratiquants du hockey. Les dirigeants du Blackbirds HC ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait et vous accueilleront dès cet hiver sous leur Winter Dome. Zoom sur ces drôles d’oiseaux de Zandhoven.
Blackbirds est encore un jeune club, mais compte pourtant déjà deux terrains synthétiques. Né en 2016, ce petit club dirigé par un quatuor formé d’une ancienne joueuse et trois non-joueurs, a commencé pendant deux ans sur un ancien terrain de football. Ils ont ensuite bougé sur le lieu actuel équipe d’un terrain mouillé et d’un sablé. La croissance est rapide, ils sont aujourd’hui plus de 730 membres et ce nombre augmente chaque année. Le secret ? Une cotisation basse, moins de 350 euros, mais une demande d’implication forte et la création d’une communauté soudée, fidèle et très participative. Et cette participation, les Blackbirds en ont bien besoin, les subsides locaux sont inexistants, il faut être créatif et se retrousser les manches. Et ça marche ! L’engagement est énorme, les rendez-vous du vendredi soir au club sont devenus une institution, la « Cantina » compte au moins 150 couverts tous les TGIF et on se bat pour réserver sa place.
Arrive le constat en 2023 que les membres redoutent le moment de la trêve hivernale, ses trois mois sans hockey et des vendredis sans les amis. Hors de question pour ce groupe de se passer de hockey, ils participeront à la saison de salle et continueront de célébrer les liens qui les unissent tous les vendredis des mois d’hiver. Seulement la salle se trouve à 8 kilomètres de là, l’ambiance n’est pas comme à la maison, et c’est dommage. Nouveau défi pour l’équipe dirigeante qui, comme à son habitude, aborde le problème avec un regard frais et nouveau.
Ils ont l’idée d’aller jeter un œil à quelques kilomètres de là, en Hollande et entrent en contact avec RSI Sports. Ce groupe d’origine néerlandaise possède une solution que personne ne semble avoir envisagé jusque-là : un dôme au-dessus d’un terrain, avec en-dessous une surface de hockey en salle, il y en a des dizaines aux Pays-Bas. Cela s’appelle un Air Dome et c’est la société DUOL qui le produit. Une fois les ancrages placés, il est monté en moins d’une journée.
Les avantages sont énormes. Le dôme est fait de matériaux isolants translucides en plusieurs couches qui permettent de réduire les coûts d’éclairage et de chauffage ce qui est une économie considérable dans les coûts des structures indoor. Aussi, l’espace intérieur permet la création d’un espace horeca convivial et suffisamment grand pour accueillir un nombre large de spectateurs, et donc d’augmenter la rentabilité de la saison indoor. D’après les calculs des gestionnaires du club de Zandhoven, cet investissement réduirait de moitié le coût de la salle, mais en plus, l’horeca permettrait une rentabilité gardant le club actif sur les mois d’hiver. Du hockey, du lien, de la convivialité et de la rentabilité au service des membres. Il n’en faut pas plus pour convaincre le club qui monte immédiatement un plan financier s’appuyant, comme ça l’a été depuis le début, sur la participation active de tous les membres du club qui répondent présents. Pour cette saison indoor, 35 équipes sont inscrites pour Blackbirds. Les clubs alentours manquant de place dans leurs propres structures viennent remplir les espaces encore libres et voilà ce « thunderdome » occupé tous les jours de 17 à 23 heures et les deux jours entiers du week-end. De quoi passer l’hiver au chaud au coin du bar à bulles.
Mais y a-t-il un frein au Air Dome ? L’ancrage est ce que redoute le plus les clubs équipés de terrains mouillés. Ce système nécessite de forer dans le sol afin de pouvoir prévoir un ancrage suffisant pour que le dôme soit stable, et les solutions de drainage de nos terrains arrosés n’aiment pas beaucoup les trous. Raison pour laquelle c’est le terrain « sablé » qui accueille le dôme des Blackbirds, beaucoup plus résilient que son cousin humide. Mais là aussi, rien d’impossible. L’expérience et les contacts de Blackbirds ont poussés d’autres clubs de la région d’investiguer la faisabilité et sont déjà en train d’imaginer leur propre dôme à domicile.
Loin d’être des oiseaux de mauvais augures, la solidité des membres de Blackbirds et l’envie d’être ensemble toute l’année a ouvert la voie en Belgique à une nouvelle manière de considérer la salle. Qui sait si dans quelques années tous les clubs ne seront pas équipés d’un dôme et que le hockey se jouera toute l’année, peut-être même sur tapis…
Pas à court d’idées, nous aurons l’occasion dans un prochain numéro de partager d’autres initiatives innovantes et entreprenantes des oiseux noirs de la province d’Anvers et les manières qu’ils ont de cultiver un esprit club d’une vivacité rafraichissante !
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