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La Belgique, bonne élève en matière d’arbitrage ?

  • Photo du rédacteur: Loïc
    Loïc
  • 13 avr.
  • 5 min de lecture

Le 2 avril dernier, le KHC Leuven accueillait la 16e étape de la Tournée Arbitrale, une initiative mensuelle de la Fédération belge de hockey. Une trentaine de participants s’y sont retrouvés pour parler arbitrage, visionner plus de 70 clips vidéo, discuter des règles et de leur interprétation, dans une ambiance aussi studieuse que conviviale.


Sur place : des arbitres de clubs, des responsables CUC, des officiels nationaux, et des curieux venus échanger, poser des questions, ou simplement mieux comprendre les réalités du sifflet. Une vraie diversité de profils, réunie autour d’un objectif commun : faire progresser l’arbitrage.


Ces tournées, lancées depuis maintenant plus d’un an, témoignent d’une volonté de dialogue. Mais elles posent aussi une question plus large, plus sensible, plus ouverte : où en est réellement l’arbitrage belge aujourd’hui ? Est-on aussi structuré, respecté, et efficace qu’on le dit souvent ? Ou est-ce que certaines réalités de terrain viennent nuancer ce tableau ?


Une présence internationale qui force le respect

Si l’arbitrage belge fait parler de lui, c’est aussi parce que ses représentants brillent sur la scène internationale. Coupe du Monde, Jeux Olympiques, Pro League… difficile de rater un événement majeur sans y croiser un ou une arbitre belge.


Laurine Delforge en est probablement l’exemple le plus connu. Respectée sur le circuit mondial, elle a été la première femme à arbitrer une finale olympique masculine (Tokyo 2021), marquant un tournant symbolique pour le hockey international, et pour l’arbitrage belge. Plus récemment, elle a été désignée pour les JO de Paris 2024, confirmant sa régularité au plus haut niveau. On parlera aussi de Gregory Uyttenove qui était le seul arbitre belge présent lors de la coupe du monde de hockey en Inde en 2018.


Des outils structurés, une base solide… sur le papier

Si la Belgique peut se targuer d’avoir des représentants au plus haut niveau mondial, cette excellence ne sort pas de nulle part. Elle s’appuie sur une série de dispositifs pensés pour encadrer, former et accompagner les arbitres tout au long de leur parcours. C’est dans cette optique qu’a été mis en place un ensemble d’outils, censés structurer la filière dans son ensemble.


Ainsi, pour encadrer et renforcer l’arbitrage, la Fédération belge de hockey s’appuie depuis quelques années sur un “Masterplan Arbitrage”. Ce plan, consultable en ligne (https://hockey.be/fr/officials-division/masterplan-arbitrage/), est organisé autour de cinq axes : communication, team spirit, climat, formation et rémunération.



Concrètement, plusieurs outils ont été mis en place :

  • Côté communication, on retrouve des initiatives comme la newsletter “Officials’ Corner”, des capsules vidéo explicatives, une médiathèque de règles, ou encore la Tournée Arbitrale elle-même, pensée comme un lien direct entre la Fédération et le terrain.

  • Pour renforcer la cohésion entre arbitres et limiter l’isolement, surtout dans les clubs régionaux, la fédération lance régulièrement des initiatives de team building dans le but de contribuer à une atmosphère positive au sein de la communauté des arbitres.

  • Sur la question du climat, plusieurs campagnes de sensibilisation ont été menées : respect des officiels, communication auprès des parents, rappel du rôle de chacun autour du terrain. L’objectif : apaiser les tensions et clarifier les responsabilités.

  • En matière de formation, les parcours sont clairement identifiés selon le niveau (jeunes, régional, national), avec des modules en ligne et des formations en présentiel. L’accès à ces formations est facilité, mais reste très dépendant de l’investissement des clubs.

  • Enfin, la rémunération des arbitres est en réflexion : des ajustements ont été proposés pour mieux reconnaître les engagements, notamment dans les divisions supérieures. Mais ce point reste sensible, notamment au regard des disparités entre niveaux ou entre ligues.


Ces outils ont le mérite d’exister. Ils posent des bases claires et donnent un cadre. Mais une question persiste : quelle est leur appropriation sur le terrain ? Et surtout, comment assurer une cohérence dans leur application à travers tous les clubs, régions et profils d’arbitres ?


Mais tout n’est pas parfait. Le principal défi reste la motivation, surtout chez les jeunes. Dans beaucoup de clubs, arbitrer est encore perçu comme une corvée plutôt qu’une opportunité. Certains jeunes le font pour valider leur "quota club", sans réel intérêt pour la discipline. D’autres abandonnent rapidement, faute de valorisation ou d’accompagnement.


La pression des parents, le manque de reconnaissance, l’agressivité verbale en bord de terrain sont autant d’éléments qui freinent les vocations. Et si la structure est là, elle dépend encore trop souvent de quelques passionnés, parfois débordés.


GONESTOR : l’arbitre de dernière minute ?

Dans le petit monde du hockey belge, l’application GONESTOR est bien connue. Conçue pour mettre en relation clubs en manque d’arbitres et arbitres disponibles, elle permet, en théorie, de combler les trous dans les désignations, souvent à la dernière minute.

Mais dans la pratique, GONESTOR est parfois vue comme un système d’urgence, une sorte de “sauveur de match” dégainé à la hâte le samedi soir ou le dimanche matin. La solution miracle pour trouver quelqu’un, moyennant 20, 30 ou parfois 40€, selon la détresse de la demande et la souplesse du volontaire.

Ce recours fréquent en dit long sur un manque chronique de motivation pour arbitrer en divisions inférieures. Pas toujours formés, rarement accompagnés, ces matchs peinent à mobiliser. L’arbitrage n’est pas la priorité du week-end pour tout le monde, et le manque de valorisation du rôle ne pousse pas à l’engagement.

GONESTOR ne résout pas le fond du problème, mais tente de colmater les brèches et offre une solution intéressante et pratique où chacun y trouve son compte. Et à défaut d’un système pleinement fluide, certaines équipes y trouvent au moins une issue temporaire… jusqu’à la semaine d’après… où rebelote.


Conclusion : Élève sérieux, volontaire… mais parfois seul à faire ses devoirs…

Oui, la Belgique peut être fière de sa filière arbitrale. Elle forme, elle suit, elle innove. Nos arbitres sont respectés à l’international et les bases sont solides. Mais ce statut de "bon élève" repose sur un équilibre fragile.


Car une structure, aussi bien pensée soit-elle, ne tient que si les acteurs du jeu s’y engagent aussi. La Fédération essaye de faire sa part, mais le reste du chemin dépend des clubs, des joueurs, des coachs, des parents… et de chacun d’entre nous. L’arbitrage ne devrait pas être vu comme une corvée ou une sanction, mais comme une responsabilité partagée.


Et si personne ne s’y met, il ne faudra pas venir se plaindre le jour où aucun arbitre ne se présentera pour votre match du dimanche.


Il faut continuer à investir dans l’accompagnement, la formation, la reconnaissance. Il faut faire de l’arbitrage une vraie voie dans le hockey belge, et non un passage obligé. N’oublions pas que pour faire progresser notre sport, l’arbitre ne doit pas rester sur la touche. Il est, lui aussi, au cœur du jeu.

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