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Les matchs de la division honneur doivent-ils être payants?

  • Photo du rédacteur: gauthier
    gauthier
  • 17 mars
  • 5 min de lecture

Les demi-finales et finales des Play-offs en fin de saison, les finales de l’indoor, l’EHL Pro League de Wilrijk en juin, les J.O. de Paris de l’an passé... Que des matchs payants. Les rencontres de championnats devraient-elles suivre cette logique?


Les clubs sont divisés et les pro-gratuité sont en majorité


Les finales de l’indoor se sont achévées, mettant un terme au championnat indoor messieurs, dames et jeunes. Pour assister aux demi-finales et finales, il fallait s’acquitter d’un prix d’entrée. Pour les finales à Wilrijk, le tarif oscille habituellement entre 15 et 30 euros par journée et par personne.


Sur ce même site, quelques semaines plus tard, on pourra assister aux matchs de FIH (fédération internationale de hockey) Pro League auxquels participeront les Red Lions et les Red Panthers. S’étalant sur seize jours, les billets couvrant la totalité de l’événement s’achètent à 140 euros pour les enfants et à 190 euros par adulte. Pour un billet « à la rencontre » il faudra s’acquitter d’un prix de 30 euros par personne.


Et les rencontres des J.O.? Là, ce n’est plus seulement la valeur qui est en jeu, mais aussi la chance! C’était en affet très difficile de mettre la main sur un billet – encore abordable - pour les matchs joués avant les quarts de finale. Pour les rencontres au-delà, on parlait parfois de montants qui dépassaient 200 ou 250 euros.


De l’or au prix du plomb

De 10 à 250 euros, donc, pour assister à la prestation de nos joueurs belges dans certaines compétitions. Mais tout au long de l’année, il est possible de voir jouer nos Red Lions sans débourser un euro. Dans des rencontres qui opposent le WatDucks, le Léo, le Braxgata, la Gantoise, l’Herakles ou l’Orée, on peut retrouver une grande partie de notre équipe nationale s’affronter, sans pour autant avoir à dépenser un euro.


Si on ne rechigne pas à mettre la main à la poche pour une sortie concert ou cinéma, les matchs de championnat ne semblent pas mériter le même traitement. Pourquoi? Parce que, comme le dit l'adage, ce qui est gratuit n'a pas de valeur?


En ce qui concerne le hockey, on le sait, c’est faux! Car la valeur des joueurs est établie, ils valent l’or olympique, sont champions d'Europe et du monde. Et le prix pour assister à ces rencontres a, lui, été établi. Le montant des droits de retransmission media ainsi que l'intérêt des sponsors pour le championnat de Belgique confirment également cette valeur. Si un groupe media comme Telenet/Voo ou RTL veut l’exclusivité de retransmission de certains matchs, il devra la négocier avec la THL (Top Hockey League) qui rassemble les 16 clubs ayant une équipe en division honneur. Il en va de même pour le sponsor de la league. L’offre «hockey DH» n’est donc pas gratuite.


La THL  dit NON

Selon Cédric Deleuze, président de la THL, la question des matchs payants a été soulevée et débattue par quelques clubs. A l'issue du vote, c’est le «non» qui l’a très largement emporté. Pas de prise de décision unilatérale au sein de la THL, donc, mais bien un groupe qui essaie de travailler ensemble en bonne intelligence et dans l’intérêt du sport. Une large majorité de clubs s’est dès lors opposée à faire payer les spectateurs. Quels étaient les arguments des uns et des autres?


Michel Schuermans, coprésident de l’Herakles, a voté contre. « Nous déployons beaucoup d'énergie pour attirer des spectateurs aux matchs du dimanche et nous pensons que les rendre payants va annihiler ces efforts. Les familles se mobilisent déjà les soirs de semaine pour les entraînements des enfants et les samedis pour les matchs. Peu de chance qu'ils sacrifient en plus leurs dimanches si cela leur coûte de l’argent.» Et puis, les infrastructures des clubs et, de manière générale, l'expérience offerte, le justifient-ils?


Un event ne pourrait jamais être gratuit

Membre du conseil d’administration et ex-président du Waterloo Ducks, Xavier Caytan ne partage pas cet avis. «Cela nous semble être une obligation. Nous voyons aujourd’hui évoluer dans le championnat belge des joueurs d’une très grande qualité. Le hockey ne cesse de se professionnaliser, la division honneur grandit mais le sponsoring plafonne. Créer une nouvelle source de revenu est donc une progression logique. Nous avons étudié la question et des sponsors seraient prêts à nous suivre. Et nous pensons que les spectateurs en feront de même. Nous ne pouvons faire l’économie de cette évolution.»

 

Un argument partagé dans le monde de l’événementiel. «Il ne me serait jamais venu à l’idée de ne pas faire payer l’entrée à mes événements, confirme David, ancien organisateur de salons à Bruxelles. Même si les exposants paient pour être présents, laisser l’entrée gratuite envoie le message que le contenu du salon n’a pas réellement de valeur. Et ça, pour mes exposants, c’était inenvisageable. C’était aussi une manière d’assurer la présence des visiteurs. Sinon, au moindre rayon de soleil, ils auraient préférés une balade en forêt ou une escapade à la mer.»


L’écrin fait aussi la valeur du diamant

Mais l’offre définit-elle à elle-seule la valeur potentielle d’un match ou d’un événement? On se souvient du violoniste virtuose Joshua Bell qui, la veille d’une représentation à guichets fermés au Symphony Hall de Boston, avait joué le même morceau dans le métro, incognito, et n’avait récolté que quelques dollars...


«Considérer la problématique sur la seule base de la qualité du contenu est une erreur», confirme Denis Delforge, administrateur délégué de Brussels Expo et de l’ING Arena. Le public vient assister à un spectacle et l’offre doit donc intégrer d’autres composantes, comme l’infrastructure, les services proposés (food, drink, parking,...) ou l’enjeu de la rencontre. Si l'un de ces éléments n’est pas au niveau, la valorisation sera compliquée.


Faut-il alors attendre d’avoir de grandes infrastructures pour faire payer les matchs de DH? Pas forcément, selon Denis Delforge. «De nombreux salons exigent un droit d'entrée, mais nous savons que beaucoup de visiteurs reçoivent des places gratuitement. Via un exposant, un sponsor ou un media partenaire. Au final, le nombre de places réellement payées est extrêmement réduit.» Une option à envisager? A défaut de payer leur entrée, les spectateurs invités connaîtraient au moins la valeur de l'événement proposé.


Le hockey de haut niveau payant en Belgique ? Aujourd’hui, la réponse est non, mais pour combien de temps encore ? Alors que le sport se professionnalise et que les clubs cherchent de nouvelles sources de revenus, la question reviendra tôt ou tard sur la table. Tous les clubs de DH cherchent des sponsors, mais pourquoi un sponsor mettrait-il de l’argent sur la table, alors que les spectateurs eux ne sont pas prêt à le faire pour assister à un match ? À quel moment décidera-t-on que ce qui a de la valeur mérite un prix ? Et surtout, les spectateurs sont-ils prêts à changer leurs habitudes et leur vision du hockey belge ?


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