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Protège-dents ou snack surprise?

  • Photo du rédacteur: GRGT
    GRGT
  • 18 sept. 2024
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 sept. 2024

Celui de Tom Boon a sauvé sa participation aux J.O. Et pourtant, conçus pour préserver le sourire des hockeyeurs, ces protège-dents en plastique finissent bien souvent leur course dans l'organisme. Enquête sur ces dispositifs qui mordent parfois la ligne entre santé et sécurité.


Des kids ingèrent chaque saison l'équivalent de trois cartes de crédit!



Victime d’un tir en plein visage pendant le match Belgique – Irlande, l’attaquant-phare des Red Lions a failli y laisser ses dents. Heureusement, il portait un protège-dents de qualité qui a non seulement sauvé sa dentition et sa mâchoire, mais aussi sa participation aux J.O. de Paris en août dernier. Comment cet accessoire essentiel, mais qui ne servira peut-être qu’une seule fois dans une carrière, est-il considéré et utilisé par les jeunes joueurs?  


Achetés le plus souvent au club-house, moulés sur-mesure et sur place dans une tasse d’eau chaude juste avant le match du samedi matin, les protège-dents ont la fâcheuse tendance de se transformer, au bout de quelques semaines, en une masse difforme de plastique mâchouillé. Laquelle trouverait davantage sa place dans un sac bleu que dans la bouche de nos enfants. Avec quel impact sur leur santé?


Place à l'expérimentation. Armé d'une balance de précision, on a pesé ces protège-dents avant et après leur passage dans la bouche des jeunes joueurs. Résultat? Alors qu'une protection standard affiche un poids initial de 15 grammes, elle n'en pèse plus que 10 après quelques semaines d'usage (et d'usure). Sans le savoir, les jeunes hockeyeurs avalent donc 5 grammes de plastique. C'est le poids d'une carte de crédit. Et si l'on renouvelle cet accessoire deux fois par an, les kids ingèrent un total de 15 grammes par saison. Alors, parlons peu mais parlons plastique. L'un des matériaux utilisés pour fabriquer les protège-dents les plus souples – les modèles d’entrée de gamme – est le plastique EVA, pour éthylène-acétyle de vinyle. Loué pour sa résilience face aux coups et son adaptabilité au moulage, il fait en réalité moins bonne impression une fois passé du terrain à l'assiette. Car ce plastique n'est évidemment pas destiné à être ingéré. Mais quels seraient les risques?


Probable cancérogène

Nous avons contacté un stomatologue, ainsi qu’une hématologue pour en savoir plus sur les risques inhérents à l’ingestion de ce type de plastique. Peu d’études existent, mais nous avons reçu la fiche toxicologique de l’acétate de vinyle éditée par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). L'éthylène-acétyle de vinyle serait faiblement toxique par voie orale, et il faudrait ingérer des doses uniques de plus de 100 grammes pour que cela entraîne des complications médicales sévères. On n’a pas non plus observé de toxicité systémique sur de plus longues durées. Reste que ces études scientifiques ont été menées sur des rats. Les effets de la toxicité du plastique EVA sur l’homme sont en effet très peu documentés et les données sont dès lors insuffisantes pour évaluer son potentiel cancérogène. Vu ces lacunes, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a d'ailleurs classé l’acétate de vinyle comme agent possiblement cancérogène pour l’homme. Le principe de précaution reste donc de mise. D'autant que certains hockeyeurs «consommeront» ces protège-dents durant 10, 15 ou 20 ans.  


Heureusement, il existe des alternatives. Des protections plus solides, mieux adaptées et qui empêchent ce grignotage intempestif de plastique. «Les protège-dents standards du marché sont trop volumineux, peu agréables à porter et ne permettent pas une respiration optimale, constate Gauthier Boccard, international belge évoluant au Léopold Club, en équipe nationale, et cofondateur de la marque C-Cover, celle que portait justement Tom Boon lors de son accident. Ce qui est pourtant la clé, pour les joueurs de haut niveau comme pour les autres.» Et qu'en est-il des solutions sur-mesure proposées aujourd'hui par les dentistes? «Elles sont plus fines et mieux adaptées au palais mais ne sont pas pour autant indiquées pour la pratique du hockey. Sans compter que la qualité dépend aussi du fournisseur sélectionné par le dentiste.» La marque belge entend donc réunir le meilleur de ces deux mondes avec ses protège-dents réalisés sur mesure grâce à une technologie d'empreinte 3D, et dont la finesse, le confort et le niveau de protection sont parfaitement adaptés à la pratique du hockey. Si leur prix (170 euros) est plus élevé à l'achat, ces protège-dents affichent une durée de vie de plus de quatre ans, promet la marque. De quoi largement amortir son investissement.


Précisons néanmoins que ces protections étant réalisées à partir d'une empreinte 3D, il est préférable d’attendre les dents définitives de l’enfant. Ces dispositifs sont donc accessibles dès l'âge de 13 ou de 14 ans. Alors comment préserver le sourire des plus jeunes? Pour éviter l'absorption intempestive de plastique, on choisira des protège-dents réalisés en matières solides. Certaines marques comme Shock Doktor, Adidas ou même Korok en proposent. 


A l'image des protections signées C-Cover, les initiatives innovantes montrent en tout cas la voie vers des équipements plus sûrs et mieux adaptés, qui garantissent non seulement la sécurité et le confort des joueurs, mais préservent aussi leur santé. Parce que ces jeunes sont mordus de hockey, pas de plastique.

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