Les Penalty Corners (PC), moments clés et souvent décisifs dans le hockey, font aujourd'hui l'objet de discussions intenses concernant leur sécurité.
Ces dernières semaines, un incident marquant impliquant l'ancien international belge Jonathan Beckers a ravivé les inquiétudes. Lors du match opposant le Racing au Watyerloo Ducks le 15 septembre 2024, Beckers a été gravement blessé malgré le port d’un masque protecteur, après avoir reçu une balle poussée à plus de 130 km/h en plein visage. Ce choc violent a souligné les risques associés à cette phase de jeu spectaculaire, amenant Jonathan à déclarer : « Un jour, il y aura un accident fatal sur penalty ».
Les Pc’s, bien qu'ils fassent partie intégrante du suspense et de l'intensité des matchs de hockey, sont aujourd'hui reconnus comme des phases à haut risque. La combinaison de balles propulsées à des vitesses élevées et la proximité des défenseurs expose ces derniers à des blessures graves, même lorsqu'ils portent des protections telles que des masques ou des gants. L’évolution des techniques de tir, en particulier le "drag flick", a ajouté un nouvel élément de danger. Le "drag flick", qui permet de lever la balle rapidement et avec précision, rend les trajectoires imprévisibles et rend cette phase de jeu encore plus dangereuse.
LA RÉPONSE DES INSTANCES
Face à cette réalité, la Fédération Internationale de Hockey (FIH) a pris des mesures pour mieux comprendre et gérer ces risques. Depuis août 2023, la FIH a lancé une initiative visant à collecter des données sur les blessures liées aux Penalty Corners, ainsi que sur les taux de conversion des PC lors des compétitions nationales et internationales.
Ce processus de collecte de données servira à informer les discussions autour des futures règles, et potentiellement à introduire des changements dans le but de réduire les risques tout en conservant l'intensité et le spectacle qu'offrent ces phases de jeu.
En Belgique, les clubs et les joueurs se penchent sérieusement aussi sur ce problème. Le port du masque protecteur est désormais obligatoire pour les défenseurs lors des PC, notamment dans les catégories jeunes (à partir de l’U10) et est fortement recommandé pour les adultes. Cette mesure vise à limiter les blessures graves, mais des voix comme celle de Jonathan Beckers rappellent que ce n’est peut-être pas suffisant face à l’évolution rapide des techniques de jeu et des terrains.
ÉTRANGE CONTRADICTION
Il est assez étonnant de voir comme ce problème se pose. S’il y a bien une règle de base en application au hockey, c’est la sécurité et l’intégrité physique du joueur ou de la joueuse. Lors des matchs et quel que soit la division concernée, le rôle principal de l’arbitre est de bien veiller à ce que le jeu dangereux soit immédiatement sanctionné. Ici on ne parle pas de puissance ou de vitesse de la balle mais simplement de la lever et qu'elle touche le corps d’un joueur ou joueuse, au-dessus de la jambière. Même une balle à 5 km/h sera immédiatement sanctionnée.
Partant de ce principe, toute une série de règles sont d'application afin de protéger les protagonistes. Il y a une distance de sécurité avant de pouvoir lever la balle faute d’un coup de sifflet immédiat et il en va de même avec les mouvements des sticks intempestifs pouvant causer également de sérieux dégâts.
D’ailleurs la majorité des blessures relevées dans le cadre des actions de matchs, sont des doigts, des poignets, et des orteils malmenés jusqu’à la fracture. L’introduction du gant comme accessoire n’est pas anodine.
“TIREZ LES PREMIERS”
Pour en revenir au sujet du PC, il est peut-être utile de rappeler à certains que le premier shot sur cette phase ne peut dépasser la hauteur de la planche. Pourquoi ? Pour éviter qu’une balle n’aille finir sa course sur le crâne d’une malheureuse victime. On peut donc estimer que l’introduction de cette règle à l’époque avait tout son sens en termes de sécurité. Afin de contourner cette règle qui empechait de monter la balle plus haut que la planche avec un shot (frapper la balle) on en est venu à la pousser. De plus en plus fort jusqu'à l'obtention de véritables missiles de croisières, obligeant la défense à se doter au fur et à mesure, de coquilles, de masques, de genouillères, etc
Le constat est assez étonnant. Dans le jeu, la règle c’est la sécurité et sur PC, on en revient à la bataille de Fontenoy où les français dirent à leur adversaires :” Tirez les premiers!” On se retrouve face à un peloton d’exécution avec deux ou trois babioles pour se protéger, on croise les doigts, on serre les fesses, ou alors on est content d’être au milieu du terrain et de ne pas être dans la ligne de tir.
D’un point de vue analytique, le problème est assez simple. Le slape pose question de par sa vitesse ou de sa dangerosité. Mais il n’est dangereux que si la balle monte tout comme l’est le shot s’il dépasse la hauteur planche. L’évolution de cette phase est sans doute arrivée à un point où une limite de base est désormais franchie, la sécurité n’est plus assurée.
Partant de ce principe, il paraît assez évident qu’appliquer la même intransigeance de sécurité dans le jeu que sur PC est primordial. Ce qui n’empêchera en rien d’assister encore à de très belles phases et combinaisons afin que cela reste un moment décisif.
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