top of page
Photo du rédacteurgauthier

Terrains de hockey : entre rêve de croissance et contrainte urbaine

Dernière mise à jour : 12 nov. 2024

En pleine expansion grâce aux exploits des Red Lions et Red Panthers, le hockey belge affronte aujourd’hui une crise d’infrastructures sans précédent. Les clubs, pris entre le besoin de plus d'espaces et la pression urbaine, doivent relever un défi colossal : où et comment accueillir cette passion décuplée pour le hockey dans un pays déjà saturé ? Investissements financiers massifs, soucis écologiques et solutions partagées sont sur la table.



Le hockey sur gazon connaît en Belgique un véritable âge d’or, galvanisé par les succès de ses équipes nationales. Le nombre de licenciés a doublé, passant de 30 000 en 2005 à près de 60 000 aujourd’hui. Cette croissance accélérée a fait entrer le hockey dans le top 10 des sports les plus pratiqués du pays après le football, le cyclisme, la natation ou le tennis, mais a également exposé les limites de ses infrastructures.

Les principaux défis auxquels les clubs belges sont confrontés sont à la fois urbains, financiers et environnementaux. La Belgique est l'un des pays les plus densément peuplés d'Europe avec des agglomérations fortement concentrées en Flandre et à Bruxelles, régions où l’espace foncier est rare et coûteux. Or, c’est précisément dans ces zones urbaines que l’on trouve la majorité des clubs de hockey du pays. Actuellement, les terrains de hockey sont déjà sollicités au maximum, ce qui pose problème pour un sport nécessitant des infrastructures spécifiques, que ce soit pour la formation des jeunes, les entraînements ou les compétitions. En moyenne, un terrain de hockey synthétique occupe environ 5 000 m², et il faut y ajouter les vestiaires, les parkings et les espaces verts requis pour accueillir joueurs et spectateurs dans de bonnes conditions.


Enjeux économiques et contraintes écologiques

Le hockey moderne exige des terrains synthétiques, privilégiés pour leur durabilité et leur résistance aux conditions climatiques, mais ceux-ci engendrent aussi des coûts élevés. Un terrain standard représente un investissement de 600 000 à 800 000 euros, soit une somme difficilement accessible pour beaucoup de clubs, surtout lorsque ceux-ci cherchent à multiplier leurs installations pour accueillir un nombre croissant de joueurs. De nombreux clubs belges, dont beaucoup disposent actuellement d'un seul terrain, se retrouvent en situation délicate. Selon une étude de 2023 de l’Observatoire des Sports de Bruxelles, les bilans financiers des clubs de hockey révèlent des marges de manœuvre étroites et des perspectives de rentabilité souvent limitées pour des investissements aussi lourds. La plupart des clubs n'ont pas les moyens de financer eux-mêmes de nouvelles installations et doivent faire appel à des subventions publiques ou à des partenariats privés, qui restent malheureusement insuffisants pour répondre aux besoins.



La pression n’est pas seulement financière. La multiplication des terrains en gazon synthétique entraîne des préoccupations écologiques croissantes. Selon des rapports récents de l'Agence européenne pour l'environnement, les matériaux utilisés pour ces terrains sont souvent issus de procédés peu durables, avec une forte empreinte carbone. De plus, la maintenance de ces installations exige l’usage de produits chimiques et un accès intensif à l’eau, des ressources rares dans certaines zones. Bien que des initiatives visant à adopter des matériaux recyclés et des systèmes de récupération d’eau soient en cours de développement, ces solutions « vertes » augmentent considérablement les coûts initiaux, créant un écart de financement important. Dans ce contexte, plusieurs clubs se sont résignés à retarder, voire à abandonner leurs projets d’expansion, au risque de freiner le développement de leurs équipes et l’accès au sport pour de nouveaux adhérents.



Les modèles de mutualisation : une solution viable ?

Face à ces contraintes, la Belgique explore des solutions innovantes pour optimiser l'utilisation des ressources et des espaces. L’idée de centres multisports partagés, qui permettrait à plusieurs clubs de se regrouper au sein d’un même complexe, est l’une des pistes envisagées. Des centres de ce type offriraient des infrastructures mutualisées pour divers sports, répartissant ainsi les coûts d’investissement et de maintenance. Une telle approche permettrait non seulement de réduire la pression foncière et économique sur chaque club, mais aussi de créer des espaces plus polyvalents et conviviaux pour les communautés locales. Des projets pilotes sont en cours dans plusieurs communes bruxelloises et flamandes, et l’engouement pour cette initiative est croissant. Des experts en urbanisme et en sport soulignent que ce modèle pourrait répondre à la fois aux besoins croissants du hockey tout en s’intégrant harmonieusement dans les environnements urbains denses. 


Cependant, ce modèle reste encore limité. Il nécessite la coordination de multiples parties prenantes, qu’il s’agisse des communes, des clubs, des fédérations et des investisseurs privés. De plus, les sportifs sont souvent attachés à leurs clubs locaux et à leurs installations ; il n’est donc pas certain que tous les clubs acceptent de partager leurs infrastructures, notamment en raison des contraintes d’horaires et des différences de niveaux entre les équipes.


Pour continuer à attirer de nouvelles générations de passionnés tout en respectant les limites urbaines et écologiques du pays, le hockey belge doit trouver un modèle de croissance durable. Les clubs sont désormais invités à revoir leurs stratégies d’expansion en privilégiant les collaborations et l'innovation écologique. Si le modèle de centres partagés se développe, il pourrait offrir au hockey belge une solution viable, permettant de poursuivre la dynamique actuelle et de garantir l’accès à ce sport, sans compromettre les impératifs environnementaux ni alourdir les finances locales. La question est complexe, mais pour un pays de hockeyeurs, elle est cruciale.

0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page