“C’est marrant comme on peut considérer cette fonction comme tellement à part, parfois.”
Le sifflet à la main, les cartes en poche, et le chrono prêt à démarrer, l’arbitre ne mérite certainement pas l’image qu’ils laissent dans l’esprit des gens. On ne retient parfois que son rôle de “policier” sifflant les écarts, et distribuant les sanctions comme si c’était sa fonction première et la frontière est mince entre la compréhension du terme arbitrer et arbitraire. L’un parle de décider, trancher, juger et l’autre de prendre une décision selon son bon vouloir. A entendre les commentaires de bords de terrains, on pourrait croire que l’arbitre prend des décisions arbitraires. Si sa fonction n’est pas celle-là, elle risque de le devenir.
Frédéric Steens alias Patch, responsable de l’arbitrage à Uccle Sport, a vu cette fonction évoluer et doit faire face à d’innombrables aspects pour tenter de mener à bien son objectif.
Voici ce qu’il en ressort lorqu’après plus de vingt années à se passionner pour cette fonction, le Patch partage son expérience.
Le hockey en Belgique vit une période de croissance rapide et enthousiasmante. Plus de jeunes s'inscrivent dans les clubs, de nouvelles équipes sont créées, et la scène compétitive ne cesse de se développer. Toutefois, cette belle expansion est mise à mal par un défi de taille : la pénurie d’arbitres. Et il y a plusieurs raisons à cela.
Une pression croissante sur les arbitres
Avec la montée du niveau belge, le rôle de l’arbitre est devenu plus crucial que jamais. Les clubs, les joueurs et les supporters attendent des décisions rapides, justes et précises. Pourtant, cette exigence accrue met une pression énorme sur les arbitres, surtout lorsqu'ils sont débutants. Chaque erreur est soulignée, chaque décision contestée, créant un climat où la peur de l’échec devient un frein à l'engagement de nouveaux volontaires.
Beaucoup d’arbitres potentiels, notamment parmi les jeunes joueurs ou les parents, hésitent à se lancer par crainte des critiques. Cela soulève une question essentielle : comment redonner envie de s’investir dans l’arbitrage, tout en garantissant que ce rôle reste attractif et valorisé ?
La dérive du fair-play
Le respect des arbitres est devenu un enjeu majeur. Si le hockey a longtemps été un exemple en matière de fair-play, des dérives commencent à se faire sentir, notamment dans les catégories jeunes et amateurs. Ce changement de comportement, couplé aux exigences de performance, ne favorise pas notre recrutement. Loin d’un simple respect des règles, l’arbitrage demande des qualités humaines : la capacité à gérer la pression, à maintenir le calme, et à prendre des décisions sous tension. Si ces aspects étaient mieux compris par les joueurs et les spectateurs, cela pourrait faciliter l'émergence d'un climat plus serein et respectueux.
La place des parents : une implication nécessaire
Une autre dimension à ne pas négliger est celle des parents. Dans un contexte où les cotisations des clubs augmentent, nombreux sont ceux qui estiment que leur contribution s’arrête là. Beaucoup pensent qu’ils ne devraient pas être impliqués dans les tâches liées à l'organisation, y compris l’arbitrage. Cette perception crée un déséquilibre dans les clubs, qui peinent à trouver des volontaires pour remplir ce rôle crucial.
Pourtant, l’arbitrage peut être une manière pour les parents de s’impliquer davantage dans la vie du club, tout en apportant un soutien indispensable. En repensant la communication autour de l’arbitrage et en soulignant l'importance d'une participation active au-delà de la simple cotisation, les clubs pourraient encourager une dynamique plus collective et solidaire. Cela pourrait aussi passer par des formations simplifiées, accessibles aux parents, pour leur permettre de s’initier à l’arbitrage de manière plus souple et adaptée à leurs disponibilités.
Patch pourtant voit dans la formation de l’arbitrage des éléments formateurs pour les jeunes.
Au-delà des parents, les jeunes joueurs eux-mêmes pourraient être davantage impliqués dans l’arbitrage, notamment en arbitrant les catégories inférieures. Cette pratique présente plusieurs avantages. D’abord, elle permettrait de renforcer le respect des règles et de développer une compréhension plus profonde du jeu. Ensuite, elle aiderait les jeunes à développer des qualités personnelles telles que la prise de décision rapide, la gestion du stress et le leadership. En responsabilisant les joueurs dès leur plus jeune âge, on favoriserait la création d’une génération plus respectueuse des arbitres et des règles.
Écoute et dialogue entre clubs et fédération
La Fédération Belge de Hockey (ARBH) a déjà pris conscience de la situation et propose des solutions pour aider les clubs, notamment en facilitant l’accès aux formations. Cependant, la Fédération reste une structure administrative et, parfois, il peut y avoir un décalage entre les décisions prises en haut lieu et la réalité sur le terrain. Les clubs, eux, font face à des contraintes multiples et doivent jongler entre leurs ressources limitées et les exigences toujours plus élevées.
Un avenir prometteur avec une meilleure implication collective
Le hockey belge a tout pour continuer son ascension sur la scène internationale, mais il est nécessaire d'agir rapidement pour combler le manque d’arbitres. Si les clubs, les parents, les joueurs et la Fédération unissent leurs efforts, des solutions viables et durables pourront émerger. Repenser l’arbitrage non pas comme une corvée, mais comme un pilier central du jeu et un levier de développement personnel, pourrait redonner à cette fonction l’attractivité qu’elle mérite. Des formations simplifiées, une meilleure reconnaissance, et un climat plus serein autour des arbitres permettront à coup sûr de relever ce défi et de garantir un avenir serein pour le hockey en Belgique.
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