L'union fait la force : comment la Belgique transforme sa taille en atout

Evident pour certains, un éclairage pour d’autres, le nouveau sélectionneur des Red Panthers, Rein van Eijk, nous propose un autre regard sur notre « petite » Belgique : la petite taille de notre pays est une force majeure au niveau des équipes nationales. Alors que les compétences techniques et physiques des meilleures équipes mondiales se rapprochent, c'est la cohésion d'équipe qui fait la différence. Et la Belgique en tire pleinement parti.

Rein van Eijk, Néerlandais de 36 ans, a pris les rênes des Red Panthers le 1er février 2025. Son parcours impressionnant l'a conduit des clubs néerlandais aux équipes nationales allemandes, avec notamment un titre mondial avec les U21 en 2023 et une médaille d'or en hockey indoor en 2024. Sa réputation de bâtisseur d'équipes soudées et son approche innovante ont séduit la Fédération belge.

Lors de notre entretien, van Eijk a mis en lumière un aspect souvent ignoré par le grand public : la taille réduite de la Belgique constitue un atout majeur pour nos équipes nationales. En effet, alors que les écarts de compétences techniques et physiques se resserrent parmi les cinq meilleures nations mondiales, d'autres facteurs, comme la cohésion d'équipe, deviennent déterminants.

La cohésion d'équipe : un levier de performance

Le professeur Albert V. Carron, de l'Université de Western Ontario au Canada, a mené une méta-analyse examinant 46 études sur la cohésion d'équipe et la performance sportive. Cette analyse, regroupant les données de 9 898 athlètes issus de 1 044 équipes dans divers sports et niveaux de compétition, a révélé que la cohésion d'équipe a un impact significatif sur la performance. Plus précisément, un objectif commun partagé et des relations interpersonnelles solides au sein d'un groupe ont des effets particulièrement bénéfiques sur les performances collectives. De plus, une forte cohésion permet de compenser certaines lacunes techniques ou stratégiques.

La Belgique : un terreau favorable à la cohésion

La Belgique, de par sa superficie réduite, offre des conditions idéales pour renforcer cette cohésion. La majorité des joueurs et joueuses de nos équipes nationales résident et évoluent au pays. Les trajets pour rejoindre les centres d'entraînement nationaux varient généralement de 30 minutes à une heure. Cette proximité géographique facilite l'organisation de sessions collectives régulières, axées sur le développement du jeu collectif et le renforcement des liens entre les membres de l'équipe.

En revanche, dans des pays plus vastes comme l'Allemagne, les meilleures équipes sont dispersées aux quatre coins du territoire. Il est donc difficile d'envisager plusieurs sessions communes par semaine. De même, des nations comme l'Australie, l'Afrique du Sud ou les États-Unis font face à des défis logistiques similaires, rendant les entraînements collectifs réguliers plus compliqués à organiser.

Prenons l'exemple de notre équipe nationale de football, les Diables Rouges. Les joueurs évoluent dans divers clubs à travers l'Europe, voire au-delà. Pour assister aux entraînements en Belgique, ils doivent parcourir des distances considérables, souvent en avion, ce qui limite le temps disponible pour travailler le collectif. En revanche, nos hockeyeurs bénéficient d'une proximité qui favorise des entraînements réguliers et une meilleure cohésion.

Le championnat national : un vivier de talents

Un autre facteur clé réside dans le niveau élevé de notre championnat national. Le maintien des talents au sein du pays, plutôt que leur expatriation vers des ligues étrangères, contribue à renforcer cette cohésion. La Belgique et les Pays-Bas, deux nations de taille modeste, se disputent régulièrement les premières places mondiales en hockey. Cette réussite s'explique par un championnat de haut niveau et une proximité géographique favorisant la cohésion.

Ainsi, lorsque nos Red Lions et Red Panthers entonnent fièrement la Brabançonne, ils incarnent la devise belge "L'union fait la force". Cette union, renforcée par notre configuration géographique, est sans doute notre meilleur atout pour briller sur la scène internationale.

La Belgique a su transformer sa petite taille en avantage compétitif dans le monde du hockey. Cette situation interroge sur les stratégies que pourraient adopter les grandes nations pour renforcer la cohésion de leurs équipes nationales. Devraient-elles repenser leur organisation territoriale ou investir davantage dans des infrastructures centralisées ? Quelles innovations pourraient-elles mettre en place pour compenser les défis liés à leur vaste étendue géographique ? Autant de questions qui méritent réflexion à l'heure où la cohésion d'équipe apparaît comme un levier essentiel de la performance sportive.