Entre la mode et la déco, le sport en général et le hockey en particulier, ne devrait-il pas se mettre à la seconde main aussi ? Entre initiatives pionnières et freins culturels, est-ce que l'économie circulaire pourrait conquérir nos vestiaires ?
La seconde main n’a jamais été aussi tendance. Dans un monde où les consommateurs prennent conscience des enjeux écologiques et où l’inflation pousse à réfléchir à deux fois avant chaque achat, la récup’ s’impose. En témoigne l’essor d’applications comme Vinted, où il ne s’agit plus seulement de vider ses placards, mais aussi de faire de bonnes affaires ou même de créer un business. Dans le domaine de la décoration, le vintage a réhabilité les vieux buffets et les luminaires dénichés en brocante. Mais dans le sport, et plus précisément le hockey, la seconde main tarde encore à percer, alors que le potentiel est immense.
Un sport très accessoirisé c’est un terreau fertile pour la récup’
Si certains sports, comme le rugby ou le football, malmènent les équipements à cause des contacts et des glissades, le hockey sur gazon offre un cadre idéal pour la revente d’équipements. Peu de frottements excessifs, des tenues qui résistent au temps : pourquoi ne pas transmettre un short, un maillot ou des accessoires à un jeune joueur qui débute ? Les parents, souvent exaspérés par la vitesse à laquelle leurs enfants grandissent, seraient nombreux à accueillir favorablement une telle solution. Pourtant, certaines idées reçues et contraintes imaginaires limitent cette pratique.
Premièrement, le mythe tenace selon lequel le nom et le numéro de l’enfant doivent être imprimés sur les maillots. En réalité, cette obligation ne concerne que les joueurs des équipes U14 et au-delà, ainsi que les élites en division d’honneur. Pour les autres, un maillot anonyme reste parfaitement conforme. Deuxièmement, il est souvent fait mention des tenues « officielles», ce qui peut dissuader les familles d’opter pour des vêtements d’occasion. Mais une vérification approfondie des règlements d’ordre intérieur (en général) nous apprend qu’aucune contrainte réelle n’interdit ces pratiques dans la plupart des cas.
Initiatives et nouvelle plateforme
Face à cette réticence culturelle, des solutions voient pourtant le jour. Decathlon, par exemple, a lancé son système de « buy-back » : il permet aux clients de revendre leurs équipements sportifs inutilisés ou en bon état directement en magasin. En échange, ils reçoivent un bon d'achat valable sur l'ensemble des produits Decathlon. Ce concept peine encore à trouver son public dans le domaine spécifique du hockey, mais une initiative locale pourrait changer la donne : EKWIP.
Fondée par trois sportifs du dimanche qui se sont essayés à presque tous les sports, Arnaud, Nicolas et Grégoire (tous les trois anciens joueurs de hockey), cette plateforme repose sur un constat frappant : les Belges possèdent en moyenne 164 euros de matériel sportif inutilisé, montant qui atteint 210 euros chez les sportifs réguliers. Avec environ 4,7 millions de ménages en Belgique, cela représente une valeur totale estimée à près de 800 millions d'euros d'équipements sportifs dormant dans les placards, greniers ou caves. Cette accumulation souligne le potentiel significatif du marché de la seconde main pour les articles de sport en Belgique.
Le problème ? Beaucoup ignorent comment revendre efficacement leurs équipements.
EKWIP propose une solution clé en main : une vérification de la qualité des articles (en photo), une sécurisation des paiements, et une gestion fluide des livraisons.
En six mois seulement, la plateforme s’est enrichie d’une offre variée dans plusieurs sports, dont le hockey: sticks, chaussures, sacs et gants de hockey sont disponibles à prix cassés sur du matériel usager, mais aussi sur des produits neufs déstockés à 30, 40 ou 50% toute l’année. L’économie ainsi réalisée pour une famille peut être considérable, mais l’argument écologique a aussi du poids : donner une seconde vie à ces objets ou ces stocks, c’est éviter des tonnes de déchets.
Si nous partons de l’exemple le plus classique : les jambières ou le gant. Voilà des produits qui, avec le protège-dents, sont systématiquement « oubliés » sur le bord des terrains. On peut en changer jusqu’à 2 ou 3 fois par an. Trouver des protèges tibias à quelques euros pour les parents d’un enfant tête en l’air est tout simplement synonyme d’El dorado.
Beaucoup de clubs sont conscients de cette situation et possèdent sur leur page Facebook des initiatives « maison » similaires d’échanges et ventes de matériel de seconde main, mais sans avoir vraiment le temps de les entretenir ou de les activer. Voilà une belle manière pour offrir à leurs membres une solution mobile simple et adaptés à tous.
Avec des plateformes comme EKWIP et des initiatives à élargir, le hockey pourrait acquérir un peu plus de circularité et de durabilité ce qui, avouons-le, ne ferait pas de tort à notre sport. Mais cela suppose un changement de mentalités : parents, clubs, enfants, tous doivent s’approprier ce modèle pour en faire une habitude. Alors, à quand une société où chaque maillot raconte plusieurs histoires et où les caves cessent d’être des musées du matériel oublié ?
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