Ce vendredi 18 octobre à 20h30 avait lieu, au Waterloo Ducks, le match de rattrapage déplacé pour cause d'EHL, opposant les Waterlootois au Léopold Club. Très belle affiche, bien sûr, mais ce qui nous a particulièrement intéressé, c’est le fait de l’avoir proposée à ce moment-là. Le hockey en Division Honneur gagnerait-il en spectacle et donc en spectateurs s’il abandonnait son sacro-saint rendez-vous dominical de 15 heures ?
Les matchs de la Division 1 (devenue Division Honneur à l’aube de la saison 2005-2006) se jouent toujours le dimanche à 15 heures et ils se jouent tous en même temps. Il en va de même pour toutes les équipes premières de club, puisque la même chose est valable de la Division 1 à la Division 3. Cette tradition est la même qu’au football, et les raisons en sont identiques. Le choix du dimanche permettait aux supporters de se rendre aux matchs sans perturber leur journée de travail, l’après-midi ne perturbant pas non plus ceux qui allaient à la messe le matin. Le fait de jouer en journée était important car beaucoup de terrains n’étaient pas équipés d’éclairages, il fallait donc la lumière du jour. À partir des années 60, puis 70, la télévision a commencé à prendre une importance majeure dans la diffusion des matchs de football. Avec l’augmentation des droits télévisuels et l’intérêt commercial, les matchs ont commencé à être décalés vers d'autres créneaux, et on a vu apparaître des matchs le vendredi ou samedi soir.
La même histoire ne vaut pas pour le hockey. Si le point de départ est similaire, pas d’explosion populaire ou médiatique dans notre sport, donc pas de nécessité de correspondre aux heures de grande audience sur le petit écran. Mais ça, n’était-ce pas avant ? Avant la montée en puissance des Red Lions et des Red Panthers. Avant les succès sur la scène européenne et la croissance fulgurante de la qualité de jeu, amenant la Belgique, et son championnat, à être une des premières nations au monde. Le hockey n’est-il pas aujourd’hui à la croisée des chemins ? D’une part, il y a la route connue, balisée, des matchs du dimanche à 15 heures, qui rassemble un groupe de parents et de connaisseurs. De l’autre, un chemin plus incertain qui appelle à repenser notre sport, à innover et à entreprendre. L’innovation implique bien sûr le changement, et s’il y a bien une chose qui fait peur et vacille les certitudes, c’est le changement. N’en déplaise aux connaisseurs.
Quels seraient les avantages de déplacer les matchs de Division Honneur vers le vendredi ou le samedi soir ? Un potentiel de supporters plus grand pour commencer. Si le dimanche est bien le jour du hockey, il l’est pour tout le monde. De la Masters à la Fun League, les rencontres ont lieu entre 8h30 et 13h, et même plus tard quand on compte la tout aussi sacro-sainte troisième mi-temps. Assister à la rencontre de l’équipe fanion se transforme rapidement en course contre la montre, et pour peu que toute la famille ne joue pas au hockey, il y aura vite à la maison une opposition argumentant « qu’on pourrait de temps en temps faire autre chose de son dimanche ». Le vendredi et le samedi soir, en revanche, ce public est normalement libre de contraintes sportives et a tout le loisir d’en faire une sortie.
Cela permet aussi une démultiplication des audiences. En plaçant toutes les rencontres au même moment, il est impossible d’assister à deux rencontres. En dispatchant les rencontres de Division Honneur, à l’instar du football, du vendredi soir au dimanche après-midi, on peut assister au match de son équipe favorite mais aussi, le lendemain par exemple, regarder en live le « duel » du week-end ou le derby à haute intensité. On ne morcelle plus l’audience live en six, mais on offre aux fans de beau jeu l’opportunité de voir plus de hockey.
Enfin, un match le vendredi ou le samedi soir a une saveur de spectacle. C’est offrir à nos athlètes, qui mettent énormément d’heures et d’énergie dans la préparation, un très bel écrin pour y développer leur jeu. C’est aussi le début de la valorisation des matchs de Division Honneur. À ce Waterloo Ducks – Léo de vendredi soir, veille de congé de détente d’automne pour les enfants de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il y avait beaucoup de fans, de familles mais aussi beaucoup de jeunes. Démarrer le week-end en se donnant rendez-vous au club pour aller voir l’équipe première est une très bonne idée pour les clubs qui souhaitent se créer une « base de supporters » régulière, qui en fera rapidement un rituel.
Nous ne le répéterons jamais assez. Notre championnat est l’un des plus qualitatifs et performants au monde. Il mérite des coups de projecteur et une valorisation à la hauteur de la qualité qu’il développe. Pour cela, il faut fabriquer un écrin qui le mettra en valeur. Le choix de la date et de l’heure des rencontres en fait partie, et ce WatDucks-Léo avait une saveur de grande affiche : l’ambiance était au rendez-vous et le public aussi. Il n’en faut pas beaucoup plus pour tirer les conclusions qui s’imposent.
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