Ce week-end, les finales des championnats indoor U14, U16 et U19 ont mis un point final à la saison en salle. Place maintenant à la transition vers l’outdoor. Si ce changement semble anodin, il est en réalité un véritable défi pour les jeunes. Nous avons rencontré Jérémy Caenen, responsable du top hockey garçons au Waterloo Ducks et fondateur de l’académie Ballostick, qui nous éclaire sur les enjeux techniques, physiques et collectifs de cette reprise.


Un changement de décor... et de repères
Après douze semaines de hockey en salle, retour sur le grand terrain. La transition n’est pas aussi fluide qu’il y paraît : l’indoor et l’outdoor sont deux disciplines aux codes bien distincts. Pendant toute la saison hivernale, les jeunes se sont habitués à un jeu rapide, où la balle doit rester au sol, les dribbles se font à plat et les frappes sont limitées. À partir du 15 mars, il faut donc inverser la tendance : réapprendre à lever la balle, à armer des « flats » puissants, à reprendre les dribbles en « 3D ».
Heureusement, l’indoor laisse de belles traces positives. "Les skills acquis en salle, comme la vitesse d’exécution et la gestion des situations de supériorité numérique, restent un atout considérable", nous explique Jérémy Caenen. "Mais au niveau technique, il faut tout réajuster. L’engagement physique n’est pas le même, et le terrain demande une intensité différente."
Les joueurs des équipes de top hockey, eux, bénéficient d’un léger avantage : ils ont déjà repris les entraînements outdoor depuis la mi-janvier. Trois entraînements hebdomadaires, dont un spécifiquement consacré au retour au jeu sur gazon. Une préparation qui leur permet de réintégrer les automatismes de l’outdoor plus en douceur.
Cohésion d’équipe et tensions latentes
Mais au-delà de la technique et du physique, le véritable enjeu réside dans la dynamique d’équipe. La saison indoor divise souvent les groupes en deux noyaux, ce qui génère des frustrations : "Pourquoi suis-je en équipe 1 en outdoor mais pas en indoor ?", "Pourquoi untel a-t-il été sélectionné et pas moi ?".
"C’est un point crucial, surtout en U14", insiste Jérémy. "C’est souvent la première fois que ces noyaux sont scindé en deux. Ça bouscule une équipe, notamment quand des joueurs évoluent ensemble depuis plusieurs saisons. Une fois de retour en outdoor, il faut recréer une unité."
Ce retour à l’unisson n’est pas toujours évident. En plein championnat, les jeunes doivent vite oublier les frustrations de l’hiver pour se concentrer sur la suite de la saison. Un défi qui incombe autant aux coachs qu’aux joueurs, dans un sport d’équipe où l’esprit reste primordial et permet souvent de faire la différence.
Des coachs en mode casse-tête
Si la reprise est un défi pour les jeunes, elle l’est tout autant pour les coachs. Car tous les joueurs ne rentrent pas sur le terrain avec le même bagage : certains n’ont pas arrêté de jouer au hockey pendant trois mois, tandis que d’autres n’ont plus touché un stick depuis novembre. Résultat ? Des niveaux physiques disparates, des réflexes différents et une équipe à rééquilibrer.
Et pour ceux qui veulent maximiser cette transition, les clubs ont une solution : les stages. Avec les vacances de Carnaval qui débutent, ces périodes d’entraînement intensif sont une opportunité en or. "Un stage, c’est cinq jours à raison de cinq heures de hockey par jour.
L’équivalent d’une demi-saison en termes de temps de jeu. La pratique, c’est le secret de la maîtrise du jeu. Pendant un match on ne touche réellement la balle que quelques minutes, et celles-ci doivent être parfaites. C’est à l’entraînement que ça se travaille !"
Un virage à bien négocier
Si le passage de l’indoor à l’outdoor peut sembler anecdotique, il représente une vraie phase de réadaptation. Technique, physique, tactique et collectif… autant d’aspects à reconditionner pour retrouver ses marques.
Mais au-delà du challenge sportif, ce switch saisonnier rappelle aussi toute la complexité du hockey moderne, et du hockey « à la sauce Belge ». Le temps de la « trêve d’hiver » est bel et bien révolu, aujourd’hui on joue plus de 30 semaines par an, et même plus si on compte les hockey camps et stages de vacances. Ce qui offre peu de répits pour nos jeunes, mais aussi pour les parents, staff, bénévoles, fédérations, journalistes et autres passionnés, raison de plus de profiter de ces vacances qui s’offrent à nous !
Commentaires